Pourquoi la ville de Corbeil Essonnes a un S à la fin et que le département s'écrit Essonne ?
Je vais essayer de vous aider à percer ce mystère. Il faut savoir qu'à l'origine, Corbeil était une ville et Essonnes en était une autre. Essonnes se trouve dans le département du même nom, mais l'orthographe de la ville prend un s à la fin, contrairement à celle du département qui doit son nom à la rivière qui le traverse.
C'est en 1951 que Corbeil et Essonnes forment une seule et même ville : Corbeil-Essonnes.
A l’origine, Paris s’appelait Lutèce, Essonnes s’appelait Exona. Le vieux Corbeil s’élevait alors sur la rive droite de la Seine et était souvent pillée par les 'Northmans' qui remontaient la Seine. Une nouvelle ville est construite au confluent de la Seine et de l’Essonne dans une enceinte qui n’a guère varié jusqu’au XVIIème siècle.
En 1120, le Comté de Corbeil entre dans le domaine royal et son château devient celui des Rois de France qui s’y rendent souvent jusqu’à la Renaissance.
Corbeil est une place forte, ses moulins reçoivent une grande partie des grains récoltés dans les fertiles plaines voisines. Une partie de la farine sert à fabriquer le pain 'Chaland', c’est-à-dire le pain embarqué à destination de Paris sur le coche d’eau appelé 'le Corbillat'. Ce dernier ramènera des morts lors d’une épidémie et son nom devient par déformation 'le Corbillard' !
Les années passent, l’histoire de Corbeil et d’Essonnes s’enrichit, des églises, des monuments sont construits...Des noms s’attachent à celui de Corbeil et d’Essonnes, comme Abélard qui enseigna la philosophie et est à l’origine de la création de grandes écoles ; la reine Ingeburge, femme de Philippe-Auguste, fait construire au XIIIème siècle, la chapelle (toujours existante) de la Commanderie Saint Jean en l’Ile ; Louis IX résida souvent à Corbeil, après la mort de la reine Blanche de Castille ; Henri IV qui dut conquérir son royaume, s’empara de Corbeil le 1er avril 1590 et fit échec aux armées de la Ligue. Jacques Bourgoin, enfant de Corbeil, officier distingué sous Louis XIII et Louis XIV, fonda le collège de Corbeil, le 30 janvier 1656. En 1789, des cahiers de doléances sont ouverts et des représentants du peuple assistent à la Fête de la Fédération, le 14 juillet 1790. Bernardin de Saint-Pierre habite Essonnes, Alfred Jarry, lui, Corbeil. Félicien Rops, peintre et illustrateur de renom, vient y passer les 15 dernières années de sa vie.
Dès le XVIIIème siècle, nos deux cités se tournent résolument vers les industries nouvelles : Oberkampf installe des filatures ; Louis Robert y met au point sa machine à papier en continu ; Aymé Stanislas Darblay, propriétaire des Grands Moulins de Corbeil, crée à Essonnes, les papeteries du même nom ; Louis Simon Crété fonde une imprimerie (aujourd’hui Hélio-Corbeil) ; Paul Decauville allie son nom à celui du chemin de fer naissant, Paul Doittau à celui de la féculerie qui devient une usine de produits chimiques.