Qui a décidé de la durée du temps ?
La mesure du temps s'est imposée aux hommes depuis des millénaires pour régler leur vie quotidienne comme leur vie sociale. Le mouvement apparent du soleil et les phases de la lune ont été à la base des premières divisions du temps.
Avant les montres et les horloges, était la clepsydre... elle semble avoir été inventée de 3 000 ans av. J.-C. à 1 500 ans av. J.-C. Ce qui est certain, c'est que la plus ancienne actuellement connue a été découverte en 1904 dans les ruines de Thèbes (Temple d'Amon à Karnak) et remonterait à Aménophis III ( XIII ème siècle av. J.-C.) pour lequel elle aurait été fabriquée. Il est fort probable qu'elle ne fut pas la première et que son origine est plus ancienne. Sa disparition est légèrement postérieure au XVIII ème siècle où on utilisait encore des clepsydres à tambour. Mais la clepsydre est, tout au plus, ce qu'on peut appeler un garde-temps pour une période plus où moins longue mais ne permet pas de retrouver ce temps si son mouvement s'est arrêté.
Les clepsydres, puis les horloges à eau, ont été obligées d'évoluer au cours des siècles car il a falut maîtriser le fait que les heures mesurées sont des heures inégales. En effet, sans entrer dans le détail des lois de l'hydraulique, le débit de l'eau dans un instrument n'est pas constant. Il dépend de la viscosité de l'eau liée à la température, de la taille de l'orifice de sortie qui peut s'élargir par usure ou se rétrécir par encrassement, de la variation du niveau de l'eau dans le récipient de départ.
Il fallut attendre des inventeurs de génie pour régler le double problème de l'écoulement de l'eau et des heures inégales. L'un d'eux fut Ktésibios, contemporain d'Archimède, qui vivait à Alexandrie au IIIe siècle avant notre ère. Finie la clepsydre, on peut maintenant parler d'horloges à eau. On peut aussi citer Philon de Byzance (230 av. J.-C.) et Héron d’Alexandrie (125 av. J.-C) .Les horloges qu'ils inventèrent étaient de véritables œuvres d'art mêlant la recherche hydraulique et l'art des automates.
Dans l'ère moderne, la seconde était définie par la rotation de la Terre sur elle-même, les astronomes étaient chargés de mener les observations qui permettaient d’étalonner les horloges construites par l’homme. Il suffisait de diviser en 86400 parties égales la durée du jour solaire moyen pour obtenir une durée, base du temps universel (TU ou UT), qui était alors la réalisation de la seconde de temps du système international de mesures.
Mais le temps universel, qui assure que lorsque le soleil culmine il n’est ni minuit, ni 6 heures du matin ni 6 heures du soir mais bel et bien midi, continue bien entendu à subir le ralentissement terrestre. Il en résulte une lente dérive entre le temps atomique ultra stable et le temps universel, certes plus instable, mais discret ordonnateur de toute activité humaine.
Pour éliminer ces irrégularités de l’unité de temps et prendre acte des progrès considérables accomplis par les horloges atomiques depuis les années 1950, la définition de la seconde fut définitivement déconnectée des mouvements de la Terre en 1967, et fut ancrée au coeur de la matière en prenant pour référence les propriétés quantiques des couches électroniques de l’atome de césium. Le gain en stabilité, d’un facteur 1 million, fut spectaculaire.
Concilier la stabilité du temps atomique et notre attachement naturel au temps universel est la tâche que remplissent les secondes intercalaires, en limitant à 0,9 seconde au plus l’écart entre le temps atomique et le temps universel. On construit ainsi le temps universel coordonné UTC, qui est à la base du temps légal d’un grand nombre de pays dans le monde.